Liste des études en psychologie positive

Cet article liste de manière exhaustive l’ensemble des méta-analyses (les études scientifiques clefs) dans le domaine de la psychologie positive.

La psychologie positive est la science qui « étudie les processus et les conditions qui mènent à l’épanouissement et au fonctionnement optimal des personnes, des groupes et des organisations » (Gable & Haidt, 2005)

Cette discipline repose ainsi sur une méthode scientifique.

L’activité de recherche consiste à collecter des preuves et des données afin d’améliorer continuellement les théories et interventions proposées.

Les méta-analyses ont comme particularité de faire le bilan de l’ensemble des études existantes sur un sujet donné (ici la psychologie positive) afin d’avoir une vision globale.

Les interventions de psychologie positive dans la population générale

Sin & Lyubormirsky (2009)

Nancy Sin & Sonja Lyubormirsky (2009) ont initié la première méta-analyse sur la psychologie positive.


Elle regroupe : 51 études et 4266 participants.

Résultats

Les interventions de psychologie positive (IPP) contribuent à :

  • Augmenter le bien-être (r=.29)
  • Diminuer les symptômes dépressifs (r=.31)

(Entre parenthèse, vous avez la taille de l’effet).


Modérateurs

Les interventions sont d’autant plus efficaces dans les contextes suivants :

  • Pour les personnes qui souffrent de dépression
  • Lorsque les participants choisissent l’intervention (motivation intrinsèque et implication)
  • Lorsque les interventions durent plus longtemps (cela permet de transformer des pratiques en habitudes)
  • Les interventions sont plus efficaces en individuelles qu’en groupe.
  • Pour les personnes âgées

Commentaire

Dans cet méta-analyse, 40% des études visant une amélioration du bien-être duraient moins 4 semaines, ce qui totalise 48% des participants inclus.

Bolier et al. (2013)

Linda Bolier et ses confrères (2013) ont apporté une seconde méta-analyse.

Ils ont trouvé que la première avait des critères d’inclusion trop larges (comme celles dans le champ de la pleine conscience et des thérapies de type « life review). Ils ont donc fait le choix de restreindre la définition des interventions appartenant au label de la psychologie positive. C’est un choix qui a pu être critiqué plus tard par Schueller, Kashdan et Parks (2016).


Elle regroupe : 39 études et 6139 participants.

Résultats

Les interventions de psychologie positive contribuent à :

  • augmenter le bien-être subjectif (r=.34) et le bien-être psychologique (r=.20)
  • à diminuer les symptômes dépressifs (r=.23)
  • l’effet persiste 6 mois plus tard pour le bien-être subjectif et psychologique

L’intervention est plus efficace en face à face qu’en auto-administration (self-help, derrière son ordinateur par exemple ou avec un livre). Les interventions en self-help restent tout de même efficaces.


Commentaires

Les résultats mettent en avant l’importance de la relation d’accompagnement individuelle. Elle contribue à engager la personne et à permettre des allers retours entre la consigne et la pratique.

Les interventions en mode self-help sont toutefois très intéressantes au niveau de la population générale, car même si elles ont un effet plus faible, elles permettent de toucher des millions de personnes.

Les résultats mettent en avant l’importance de la relation d’accompagnement individuelle. Elle contribue à engager la personne et à permettre des allers retours entre la consigne et la pratique.

56% des interventions duraient moins de 4 semaines et 20% plus de 8 semaines.

Hendriks et al. (2019)

Tommy Hendriks et ses confrères ont réalisé une nouvelle méta-analyse afin d’évaluer spécifiquement les packages d’interventions de psychologie positive. Ce sont des interventions qui regroupent plusieurs pratiques différentes (comme la gratitude, les forces, le pardon…)


Elle regroupe : 50 études et 6141 participants.

Résultats

  • Amélioration du bien-être subjectif (g=.34)
  • Amélioration du bien-être psychologique (g=.39)
  • Diminution des symptômes dépressifs (g=.29)
  • Diminution des symptômes d’anxiété et de stress (g=.35)

Commentaires

La durée des interventions variait entre 1 jour et 22 semaines avec une durée moyenne de 8,1 semaines.

Carr et al. (2020)

Alan Carr et ses confrères ont refait une méta-analyse avec des critères d’inclusion élargis sur plusieurs aspects :

  • Au niveau de la population (incluant enfants, adultes, population clinique et générale)
  • Au niveau de la culture : (population occidentale et non occidentale)
  • Au niveau des interventions de psychologie positive (toutes celles qui visent le bien-être et sont congruentes avec les modalités d’intervention de la psychologie positive)

Elle se distingue des méta-analyses précédentes car :

  • Elle contient plus d’études
  • Cible plus de variables dépendantes
  • Evalue plus de variables modératrices
  • Et présente une méthodologie plus robuste (score AMSTAR 2 plus élevé)

Elle regroupe : 347 études et 72 000 participants.
Durée moyenne des interventions : 10 sessions sur 6 semaines.

Résultats

Les interventions de psychologie positive contribuent à :

  • augmenter le bien-être (g=.39)
  • augmenter les forces (g=.46) comme l’optimisme, la régulation de soi, le pardon, la gratitude, l’amour, la gentillesse, la spiritualité et la croissance post-traumatique.
  • augmenter la qualité de vie (g=.48)
  • Et diminuer les symptômes dépressifs (g=-.39), l’anxiété (g=-.62) et le stress (g=-.58).

Un suivi trois mois plus tard indique que les résultats persistent dans le temps.


Modérateur :

  • Les interventions sont plus efficaces pour une population clinique, pour les populations non-occidentales, en intervention individuelle ou de groupe plutôt qu’en auto-administration (self-help), et pour les interventions contenant plusieurs pratiques (package d’interventions).

Les interventions les plus efficaces sur le bien-être :

  • Effets importants : Le savouring (g=.77), l’optimisme et l’espoir (g=.51)
  • Effets modérés : Trouver du sens (g=.40), Gratitude (g=.30)
  • Effets petits : Utiliser sa signature de forces (g=.25), L’humour (g=.25), La bienveillance (g=.24), L’écriture positive (g=.18)

Les interventions les plus efficaces sur les forces de caractère :

  • Effets importants : L’humour (g=1.07), La fixation d’objectifs (g=.72), Le pardon (g= .69), Trouver du sens (g=.59)
  • Effets modérés : Utiliser sa signature de forces (g=.48), La bienveillance (g=.44), Le savouring (g=.42), L’optimisme et l’espoir (g=.32), La gratitude (g=.31)

Les interventions les plus efficaces sur la dépression :

  • Effets importants : Le savouring (g=-.70) et Le pardon (g=-.50)
  • Effets modérés : La fixation d’objectifs (g=-.37), L’optimisme et l’espoir (g=-.36), L’humour (g=-.31)
  • Effet petits : La gratitude (g=-.29), Trouver du sens (g=-.22), Utiliser sa signature de force (g=-.21), L’écriture positive (g  =  ?0.15)

Les interventions efficaces sur l’anxiété :

  • Effets importants : l’écriture positive (g = ?1.23), le pardon (g = ?0.91), le savouring (g = ?0.80), et l’humour (g =-.79)
  • Effets modérés : trouver du sens (g=-.55) et l’espoir et l’optimisme (g=.-55).
  • Effets de petite taille : utiliser la signature de force (g=-.22)

Les interventions les plus efficaces sur le stress : L’humour (g = -1.33) et la gratitude (g= -.40)


Comparaison avec d’autres traitements :

  • Pour le bien-être, les IPP ont un effet supérieur par rapport au traitement classique (g=.46) ou aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC, g=.47)
  • Pour traiter la dépression, les IPP sont mieux qu’un entrainement à la méditation (g=-.61), que le traitement classique (g=-.52) et que les TCC (g=-.34) et qu’une thérapie de soutien (g=-.30)

Commentaires

La durée moyenne des interventions était de de 6,35 semaines.

La psychologie positive à l’école

Tejada-Gallardo et al. (2020)

Cette méta-analyse évalue les packages d’interventions de psychologie positive à l’école auprès d’adolescents.


Etudes et participants : 9 études pour 4898 participants.

Résultats

Les interventions contribuent à :

  • Augmenter le bien-être subjectif (g=.24)
  • Augmenter le bien-être psychologique (g=.25)
  • Diminuer les symptômes de dépression (g=.28)

Dynamique temporelle

  • Après l’intervention, le bien-être psychologique continue d’augmenter alors les symptômes dépressifs diminuent. A l’inverse, le bien-être subjectif se dissipe avec le temps, un sens plus soutenu du sens et de l’accomplissement est forcé au suivi.

Au sein de cette méta-analyse, l’étude qui met en avant le plus d’efficacité sur le bien-être contient 15 séances (sur 30 semaines). Ces résultats suggèrent l’importance d’interventions durables qui permettent d’ancrer de véritables habitudes, mais aussi d’infuser des principes sur l’écosystème scolaire et ne pas être uniquement une « rustine » externe temporaire.

La psychologie positive dans une population clinique

Chakhssi et al. (2018)

Farid Chakhssi et ses collaborateurs (2018) réalisent une méta-analyse sur l’efficacité des IPP mais cette fois dans une population clinique ayant des difficultés psychiatriques ou médicales.


Elle regroupe : 30 études et 1864 participants.

Résultats

Les interventions de psychologie positive contribuent à :
  • augmenter le bien-être (Hedge’s g=.24)
  • à diminuer les symptômes dépressifs (g=.23) et l’anxiété (g=.36)
Un suivi à 8-12 semaines après l’intervention indique que l’effet persiste dans le temps.

La psychologie positive dans le domaine professionnel

Donaldson et al. (2019)

Scott Donaldson et ses confrères ont mené une méta-analyse en 2019 sur les interventions de psychologie positive au travail.
Elle regroupe : 22 études et 1864 participants.

Résultats

  • Les interventions de psychologie positive au travail contribuent à apporter des bénéfices (performance, bien-être, engagement) (g=.25) et à diminuer les aspects indésirables (g=-.34).
  • Les interventions sont notamment efficaces sur l’engagement, le bien-être et sur une gamme d’autres comportements (l’estime de soi professionnelle, la confiance, les comportements d’entraide, le leadership…)

Modérateurs

  • Les interventions en groupe plus efficaces qu’en individuel.
La dynamique relationnelle étant centrale dans une équipe, les interventions visant le groupe peuvent impacter plus facilement cette dynamique collective et ne pas s’arrêter au fonctionnement individuel.

Ce qui joue le plus sur l’amélioration des aspects positifs :

  • Les interventions sur les forces des employés (g=.35) et sur la gratitude (g=.34)
  • Les interventions sur le capital psychologique (g=.21) et sur le bien-être (g=.25)

Ce qui joue le plus sur la diminution des aspects négatifs : les interventions visant le capital psychologique (g=.-88)


Exemple d’interventions

Cette étude inclut les interventions suivantes :

  1. Les interventions visant à augmenter le capital psychologique (psycap). Il se constitue de 4 ingrédients :
    1. la confiance à relever les tâches et les challenges professionnels (auto-efficacité)
    1. Avoir des attentes positives à propos du futur professionnel (optimisme)
    1. Réorienter son énergie vers des stratégies alternatives lorsque des obstacles professionnels bloquent la route (espoir)
    1. Rebondir après des situations difficiles professionnellement (résilience)
  2. Les interventions permettant aux employés de façonner leur emploi pour qu’il réponde mieux à leurs besoins et leurs préférences (job-crafting).
  3. Les interventions visant à s’appuyer sur les forces de caractères des employés à travers l’identification, l’utilisation et le développement.
  4. Les interventions de gratitude visant à développer la gratitude et la reconnaissance des aspects satisfaisants au niveau du domaine professionnel.
  5. Les interventions visant à influencer directement le bien-être professionnel des employés.

Etudes sur des aspects spécifiques

L’optimisme (Malouff & Schutte, 2017)

John Malouff et Nicola Shutte (2017) ont mené une méta-analyse sur les interventions visant spécifiquement l’optimisme.


Ils ont rassemblé 29 études incluant 3319 participants.

Résultats

Les résultats indiquent que l’optimisme peut s’apprendre et se développer (g = .41).


Modérateurs

L’intervention est d’autant plus efficace si elle est réalisée en face à face et qu’elle inclut la pratique du Best Possible Self.
Cette pratique consiste à demander aux participants d’imaginer la meilleure version réaliste de leur vie sur un horizon de 5 ou 10 ans. Elle permet de les mettre en contact avec un futur désiré et de repérer les valeurs essentielles auxquelles les participants aspirent à se (re)connecter afin de favoriser un engagement par de petits pas en direction des valeurs et du futur imaginé.

Le bien-être psychologique (Weiss & al., 2020)

Laura Weiss et ses confrères (2020) ont mené une méta-analyse spécifiquement sur le bien-être psychologique.

Pour rappel, le bien-être psychologique est défini par 6 aspects selon Carole Ryff : l’autonomie, la maîtrise de son environnement, la croissance personnelle, la présence de relations positives avec les autres, l’acceptation de soi et avoir un but ou un sens à sa vie.


Cette méta-analyse rassemble 27 études pour 3579 participants.

Résultats

  • Les interventions sont efficaces pour augmenter le bien-être psychologique (d=.44)
  • Les interventions les plus efficaces étaient sous la forme d’un accompagnement individuel plutôt qu’en groupe ou en ligne.

Bibliographie scientifique

Bolier, L., Haverman, M., Westerhof, G. J., Riper, H., Smit, F., & Bohlmeijer, E. (2013). Positive psychology interventions: a meta-analysis of randomized controlled studies. BMC public health13(1), 1-20.

Carr, A., Cullen, K., Keeney, C., Canning, C., Mooney, O., Chinseallaigh, E., & O’Dowd, A. (2020). Effectiveness of positive psychology interventions: a systematic review and meta-analysis. The Journal of Positive Psychology, 1-21.

Chakhssi, F., Kraiss, J. T., Sommers-Spijkerman, M., & Bohlmeijer, E. T. (2018). The effect of positive psychology interventions on well-being and distress in clinical samples with psychiatric or somatic disorders: A systematic review and meta-analysis. BMC psychiatry18(1), 1-17.

Donaldson, S. I., Lee, J. Y., & Donaldson, S. I. (2019). Evaluating positive psychology interventions at work: A systematic review and meta-analysis. International Journal of Applied Positive Psychology4(3), 113-134.

Hendriks, T., Schotanus-Dijkstra, M., Hassankhan, A., De Jong, J., & Bohlmeijer, E. (2020). The efficacy of multi-component positive psychology interventions: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Journal of happiness studies21(1), 357-390.

Malouff, J. M., & Schutte, N. S. (2017). Can psychological interventions increase optimism? A meta-analysis. The Journal of Positive Psychology12(6), 594-604.

Schueller, S., Kashdan, T., & Parks, A. (2014). Synthesizing positive psychological interventions: Suggestions for conducting and interpreting meta-analyses. International Journal of Wellbeing4(1).

Sin, N. L., & Lyubomirsky, S. (2009). Enhancing well?being and alleviating depressive symptoms with positive psychology interventions: A practice?friendly meta?analysis. Journal of clinical psychology65(5), 467-487.

Tejada-Gallardo, C., Blasco-Belled, A., Torrelles-Nadal, C., & Alsinet, C. (2020). Effects of school-based multicomponent positive psychology interventions on well-being and distress in adolescents: a systematic review and meta-analysis. Journal of Youth and Adolescence49(10), 1943-1960.

Weiss, L. A., Westerhof, G. J., & Bohlmeijer, E. T. (2016). Can we increase psychological well-being? The effects of interventions on psychological well-being: A meta-analysis of randomized controlled trials. PloS one11(6), e0158092.