L’utilité des émotions

L’utilité de chaque émotion

la fonction des émotions

Comme des signaux lumineux dans la nuit de notre conscience, les émotions guident nos pas, infléchissent nos décisions et sculptent nos relations.

Mais qu’en est-il réellement de leur rôle ?

Peur : nous protéger des dangers

La peur, souvent perçue comme un sentiment négatif, revêt une fonction essentielle : celle de protecteur. Elle nous incite à la fuite, à la protection, dans un but ultime – nous préserver des dangers.

Mais la peur est-elle un geôlier ou un gardien ?

Son rôle est-il de nous emprisonner dans une cage de prudence ou de nous préserver pour les défis futurs ?

Cela dépend de notre représentation de ce qui fait sécurité et danger.

Colère : réaffirmer nos limites

La colère nous pousse à sanctionner les responsables de nos frustrations et injustices.

Elle nous aide à pousser les obstacles en travers de nos objectifs, et à mettre des limites aux endroits qui nous semblent justes.

Pourtant, si on ne distingue pas l’émotion (la colère) de sa tendance comportementale (l’agressivité), la colère peut devenir destructrice.

La question se pose donc : comment utiliser cette énergie pour préserver nos limites sans pour autant détruire nos relations ?

Dégoût : maintenir le toxique à distance

Le dégoût opère comme un mécanisme de rejet, il nous aide à distinguer ce qui est mauvais pour nous.

Il est le gardien de notre intégrité, tant physique que morale.

Le dégoût nous préserve des substances nocives, tout comme des actions immorales.

Cependant, il peut aussi mener à des jugements hâtifs, à des rejets injustifiés.

Il s’agit donc de comprendre ses messages sans laisser nos préjugés teinter notre perception.

Tristesse : l’intégration de la perte

La tristesse est ressenti face à l’expérience de perte affective.

Elle nous indique que l’attache affective à une personne (ou une ville, un objet…) est menacée.

Lorsque qu’il s’agit d’une distance affective réversible, elle nous permet de nous rapprocher de la personne en prenant de ses nouvelles.

Et lorsqu’il s’agit d’une perte irréversible (rupture, deuil), elle nous enseigne la valeur de ce que nous avons perdu et nous aide à intégrer cette perte.

Elle nous invite à solliciter un soutien social pour intégrer la perte et nous laisse un temps long pour écrire une vie alternative sans la présence réelle de l’objet perdu.

Surprise : prendre en compte l’imprévu

Face à l’inattendu, la surprise nous fige, nous immobilise.

Elle est ce moment suspendu où l’esprit intègre de nouvelles informations, où nos schémas de pensée sont mis à l’épreuve.

La surprise peut être agréable ou déstabilisante, mais elle est toujours une invitation à l’adaptation.

Elle nous prépare aux changements, aux imprévus de la vie, nous forçant à réévaluer nos certitudes.

Culpabilité : notre guide moral

La culpabilité nous pousse à réparer.

Elle est le reflet de notre conscience morale, de notre capacité à reconnaître nos erreurs et à y remédier.

La culpabilité nous maintient liés à un code éthique, elle est la voix intérieure qui nous rappelle nos responsabilités sociales.

Mais quand elle devient limitante dans plusieurs contextes, notamment lorsqu’elle juge immorale des actions qui sont tout à fait légitimes (dire non à des personnes).

Honte : préserver notre image sociale

La honte nous fait baisser les yeux, chercher la discrétion.

Elle est cette émotion qui nous fait prendre conscience de notre image sociale et de son importance.

Elle nous incite à maintenir les apparences, à respecter les codes sociaux pour notre intégration.

La honte, lorsqu’elle est équilibrée, peut être un régulateur social.

Mais lorsqu’elle prend trop de place, elle nous empêche de révéler qui nous sommes, pour suivre à la place ce que nous imaginons être le chemin le moins risqué socialement.

Joie : ouverture et ressources

La joie, lumineuse et chaleureuse, nous encourage à explorer, à nous ouvrir.

Elle nous aide à saisir de nouvelles opportunités et ressources de plusieurs manières :

  • Par un regain d’optimisme, elle nous pousse à mettre notre énergie sur des projets enthousiasmants.
  • Par une envie de partage social, elle nous donne l’énergie et l’entrain de cultiver nos relations.
  • Par l’élargissement de notre répertoire de pensées et de comportements, elle nous pousse vers une créativité et une flexibilité psychologique accrues.

Le thermostat émotionnel

Nos émotions fonctionnent comme un thermostat.

Un thermostat vise une température optimale en s’appuyant sur 2 paramètres :

  • La température idéale.
  • La température actuelle.

S’il y a décalage entre les 2, il s’active pour réduire cet écart.

Et revenir à un état d’équilibre.

S’il y a adéquation, il profite d’une pause agréable 🙂

Notre système émotionnel est basé sur le même principe.

Nos émotions douloureuses se déclenchent dès lors qu’un évènement menace notre idéal.

Tandis que nos émotions agréables s’activent dès lors que la réalité se rapproche de nos attentes.

Les 2 paramètres émotionnels

Lorsqu’une émotion s’active, il est crucial de regarder les 2 paramètres de ce thermostat émotionnel.

L’idéal

L’émotion nous fait prendre conscience qu’une chose importante à nos yeux est menacée.

On parle d’idéal, d’attentes, de besoins ou de valeurs : autrement dit, ce à quoi nous tenons.

Plus l’émotion est intense, plus elle met en relief l’importance que nous attribuons à la situation.

Par exemple, si l’on valorise fortement la justice et que l’on assiste à un acte d’injustice, la colère peut s’embraser.

Cette émotion intense révèle non seulement notre attachement à l’idéal de justice mais aussi notre désir de voir cet idéal respecté dans notre environnement immédiat.

Curieusement, nous ne prenons parfois conscience de l’importance de certains de ces idéaux qu’à travers nos réactions émotionnelles.

En d’autres termes, nos émotions agissent comme des révélateurs de ce qui compte véritablement pour nous.

Nos idéaux agissent comme la température de consigne sur un thermostat.

Ils représentent nos attentes, nos aspirations et nos valeurs les plus chères.

Lorsque la réalité de notre vie s’aligne sur ces idéaux, nous ressentons une profonde satisfaction et un bien-être.

Ces moments de congruence sont comme ces pauses agréables qu’un thermostat s’accorde lorsque la température ambiante est juste parfaite.

La réalité

La vie, dans son imprévisibilité et sa complexité, a souvent d’autres plans que se conformer à nos attentes.

Les écarts entre nos idéaux et notre réalité peuvent être source de tensions et de déséquilibres émotionnels.

Ces décalages sont perçus par notre système émotionnel comme des menaces, déclenchant ainsi des émotions douloureuses.

Ces émotions sont des signaux, des appels à l’action pour réduire l’écart entre l’idéal et le réel.

Les 2 leviers de régulation émotionnelle

Agir sur la réalité extérieure et agir sur sa propre réalité intérieure.

Cette dualité révèle une complémentarité profonde, évoquant une danse entre l’adaptation du monde à nos désirs et l’ajustement de nos désirs au monde.

Ces paramètres ouvrent 2 leviers de régulation émotionnelle :

  • Agir sur la réalité extérieure : Il s’agit de prendre des mesures concrètes pour modifier notre environnement ou notre situation afin qu’ils se rapprochent davantage de nos idéaux. Cette démarche peut être comparée à l’activation de la chaudière pour ajuster la température extérieure à notre température de consigne.
  • Agir sur notre réalité intérieure : Cette approche implique de revoir nos idéaux, de renoncer, d’accepter certaines réalités comme elles sont, d’intégrer de nouvelles perspectives ou de changer notre manière de percevoir les choses. Ajuster le thermostat interne est un levier complémentaire et à privilégier lorsqu’on a peu de pouvoir sur le monde extérieur.

En modifiant notre manière de percevoir et d’interpréter notre environnement, nous pouvons souvent transformer notre expérience du monde sans pour autant changer le monde lui-même.

L’ajustement de notre réalité intérieure est un processus continu, qui exige une capacité de renoncement et une ouverture au changement.

Cette démarche peut être soutenue par diverses pratiques, telles que la méditation, la thérapie, ou encore l’art, qui offrent des voies pour explorer et transformer nos schémas internes.

L’interdépendance entre ces 2 leviers

L’interaction entre agir sur la réalité extérieure et agir sur notre réalité intérieure est dynamique et bidirectionnelle.

Changer le monde peut amener à une transformation personnelle, tout comme évoluer intérieurement peut modifier notre capacité à influencer notre environnement.

Cette interdépendance souligne l’importance d’une approche équilibrée, où l’action extérieure est soutenue et enrichie par une croissance intérieure.

Par exemple, la réalisation d’un projet ambitieux peut requérir une transformation personnelle, incluant l’acquisition de nouvelles compétences ou la surmontée de peurs et d’incertitudes.

Inversement, un travail introspectif profond peut révéler des passions et des motivations qui nous poussent à agir et à apporter des changements tangibles dans le monde.

En poursuivant cette dualité d’action, nous apprenons à naviguer entre le monde tel qu’il est et le monde tel que nous souhaiterions qu’il soit.

Tout en restant ancrés dans une compréhension profonde de nos propres valeurs et capacités.

Cette navigation consciente entre l’extérieur et l’intérieur nous offre une voie vers une existence plus riche et équilibrée.

La quête d’équilibre entre modifier le monde extérieur selon nos idéaux et ajuster nos idéaux à la réalité du monde est un mouvement continuel.

Elle demande courage, persévérance et appuis relationnels.

Gagner en clarté sur les mécanismes émotionnels

La clarté avec laquelle nous comprenons le fonctionnement de notre thermostat émotionnel est cruciale.

Elle nous permet de déterminer avec précision quelle stratégie adopter pour rétablir l’équilibre.

Reconnaître et accepter nos émotions, comprendre ce qu’elles révèlent sur nos idéaux et la réalité, est la première étape vers une régulation émotionnelle efficace.

Comprendre le fonctionnement émotionnel avec clarté est fondamental pour accompagner la personne à agir aux endroits les plus pertinents pour retrouver un équilibre.

L’absence de clarté et le brouillard sont les facteurs qui contribuent le plus à enliser les accompagnements.

Le professionnel est justement celui qui est chargé de remettre de la clarté aux zones de flou lorsque la personne est perdue.

Le thème des émotions est vraiment essentiel dans les métiers humains.

Car l’émotion est le système d’alerte sur ce qui est le plus important pour une personne.

C’est ce que je développe dans la formation à l’intelligence émotionnelle.

Notre métier de psychologue consiste souvent à prêter nos propres compétences émotionnelles aux personnes en difficulté.

Puis de les aider à développer les leur.

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Joran Farnier

Joran Farnier

Psychologue, enseignant, formateur

Passionné par la psychologie, j’ai fondé l’Institut de Psychologie Positive Appliquée pour faire le pont entre les recherches et la pratique de terrain.

Nous formons les professionnels de l'accompagnement pour leur permettre d'exercer avec plus de clarté, d'efficacité et de confort dans un métier complexe.



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