Comment être heureux selon la psychologie positive

Martin Seligman est un grand chercheur américain en psychologie. Il a étudié pendant toute sa carrière les causes de la dépression et notamment comment les gens en arrivent à être résigné face à la vie. En s’intéressant aux thérapies pour guérir la dépression, il étudie l’optimisme et fonde ensuite la psychologie positive en 1998. Cette science s’intéresse au bonheur et aux caractéristiques positives dans l’expérience humaine (la résilience, l’optimisme, les ressources et forces d’un individu…)

La psychologie positive propose un autre paradigme. Il ne s’agit plus uniquement de traiter les maladies mentales et de rendre les personnes moins malheureuses, mais à étudier ce qui rend une vie épanouissante et à aider les personnes à être plus heureuses de manière générale. Cela peut sembler contre-intuitif, mais Seligman insiste sur le fait qu’être moins malheureux ne signifie pas nécessairement être plus heureux.

Les 3 types de vies heureuses

Pour mesurer le bonheur Seligman a dû le découper en différentes parties qui soient mesurables. 

Il définit 3 types de « vies heureuses » :

  • La vie plaisante : avoir le plus d’émotions positives et de plaisirs possibles et avoir les capaci
    tés de les amplifier, en en ayant conscience, en les appréciant à leur juste valeur …
  • La vie d’engagement : être pleinement absorbé et engagé dans différents domaines de vie comme sa famille, son travail, son couple, ses loisirs etc
  • La vie pleine de sens : connaître ses valeurs et aligner nos comportements avec elles nous permet de vivre une vie riche.

La vie plaisante comporte 3 inconvénients principaux :

  1. La perception qu’on a de nos émotions positives est à 50 % génétique
  2. On s’habitue très rapidement aux émotions positives
  3. La perception des émotions positive est assez peu modifiable par nos comportements, à hauteur de 15 à 20 % maximum.

Seligman illustre la vie d’engagement par l’exemple de Len, un ami à lui, milliardaire à la tête d’une entreprise de courtage et champion de bridge mais qui n’a aucune vie sentimentale satisfaisante et ressent très peu d’émotions positives, pour autant Len vit une vie heureuse.

Seligman explique ça par le concept de Flow, un état d’absorption total dans une tâche. Len a la capacité de se focaliser entièrement sur son travail et son loisir, le temps est comme figé quand il pratique ces activités et il ne ressent pas plus d’émotion négatives que positives pendant ce temps.

Les notions de plaisir et de flow s’opposent dans le sens où le plaisir est pleinement ressenti alors que pendant le flow aucune émotion n’est ressentie, pourtant les 2 sont sources de bonheur.

Il est possible pour n’importe qui d’améliorer sa capacité de flow en identifiant ses forces et ressources personnelles et en s’engageant dans des activités de défi ou de challenge, c’est à dire des activités dans lesquelles il existe un subtile équilibre entre nos compétences et le niveau de difficulté de la tâche. Si la difficulté est trop grande, cela provoque du stress, si elle est trop faible cela provoque de l’ennui. 

Enfin, a vie pleine de sens consiste à vivre selon ses valeurs au quotidien et à s’engager dans des buts plus larges que 

soi. Dans l’urgence du quotidien, nous avons tendance à nous désynchroniser de nos valeurs, à avoir un pilote automatique qui contrôle nos réactions. L’idée est de reprendre les commandes afin de suivre la direction indiquée par la boussole de nos valeurs.

Comment accroître son bonheur

Les chercheurs se sont ensuite demandé quels éléments pouvaient influencer ces 3 différents types de vies.

Pour influencer la vie plaisante, pour aider ses patients à accroître leur plaisir, Seligman propose différents exercices :

  • Il commence par les aider à travailler leur capacité à la pleine conscience et au fait de savourer le moment présent.
  • La « visite de gratitude » : consiste à écrire une lettre de remerciement à un personne qui nous soit très chère et qui ai fait quelque chose qui ait influencé notre vie de manière très positive, de lui rendre visite et de lui lire cette lettre. Les résultats de cet exercice sont très positifs, quand on test quelque temps plus tard les personnes qui ont fait cet exercice il ressort qu’ils sont plus heureux et moins déprimés. Pour les personnes plus pudiques ou introvertis, il est peut être plus confortable d’écrire cette lettre et de l’envoyer à distance sans nécessairement passer par une visite de gratitude.

  • Le « test des points forts » utilisé en thérapie de couple. Chacun des partenaires passe le test des points forts (dont j’ai parlé dans le cadre de la vie d’engagement), ils doivent ensuite programmer une soirée où ils vont chacun utiliser ces points forts au maximum ce qui a des effets très positifs sur les relations. Cela peut sortir de notre tendance à se focaliser sur les défauts de l’autre et des reproches pour aller vers la focalisation sur les forces et les ressources de l’autre.
  • Il propose aux patients de faire soit une activité ou une action amusante pour eux ou bien un geste altruiste, dans le premier cas on constate un pic de plaisir qui redescend assez rapidement alors que dans le second ce plaisir dure dans le temps.

La vie bien remplie et la vie de manque

La variable principale sur laquelle travaille Seligman est la satisfaction des personnes par rapport à leur vie.

Il a donc cherché à savoir dans quelle mesure chacune des trois « vies heureuses » participe à cette satisfaction. En quoi le plaisir, la concentration et la recherche de sens participe au bonheur de chacun.

Les résultats sont surprenant : la recherche de plaisir n’a que très peu de contribution à la satisfaction de la vie, la poursuite de sens et d’engagement sont les deux variables qui contribuent le plus à la satisfaction de la vie. Le plaisir devient important seulement si on a déjà l’engagement et le sens.

La sommes des trois types de vie amène une vie beaucoup plus heureuse que chacune pris individuellement, c’est ce que Seligman appelle la vie pleine (« full life »).

A l’inverse si aucune de ses dimension n’est présente il parle de vie vide (« empty life »), la somme vaut alors moins que chacun prise individuellement.

Les trois formes de vies heureuses semblent être liées à une bonne santé, à une faible morbidité et à la productivité.

Technologie, divertissement, design et psychologie

Seligman conclu en faisant le lien entre la psychologie et les domaines de la technologie, du divertissement et du design.

La relation à la technologie peut être parfois problématique mais elle peut être au service d’un allégement des souffrances et d’une augmentation du bien-être.

Il souligne la différence entre alléger les souffrances et rendre heureux. Il a constaté dans son expérience de thérapeute qu’aider les personnes à être moins anxieux, moins dépressif ne les rendait pas plus heureux, ça pouvait au mieux les ramener à un état neutre mais cela les laissait vide.

Les capacités à vivre une vie plus plaisante, plus engagée et ayant plus de sens sont des capacités totalement différentes de celles pour réduire la souffrance.

Au sens de Seligman, la technologie, le divertissement et le design peuvent et devraient davantage  permettre d’alléger les souffrances mais aussi d’augmenter chacun des trois types de vie heureuse. Il existe par exemple des applications téléphones pour pratiquer la psychologie positive au quotidien ou développer son intelligence émotionnelle.

Olivia Najera & Joran FARNIER


Joran Farnier

Joran Farnier

Psychologue, enseignant, formateur

Passionné par la psychologie, j’ai fondé l’Institut de Psychologie Positive Appliquée pour faire le pont entre les recherches et la pratique de terrain.

Nous formons les professionnels de l'accompagnement pour leur permettre d'exercer avec plus de clarté, d'efficacité et de confort dans un métier complexe.



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