Communication Non Violente (CNV) : liste des études scientifiques

Cette page web recense les études scientifiques sur l’efficacité de la communication non-violente.

Vous trouverez le résumé en français de chaque article.

Les études sont classées par contexte :

  • Une revue globale de l’efficacité de la CNV
  • La CNV appliquée en prison
  • La CNV en contexte de soin psychiatrique
  • La CNV appliquée à l’école

Revue globale

Revue globale des interventions en CNV (Visakaviciute & Bandzeviciene, 2019)

L’objectif de ce travail est d’analyser systématiquement les études empiriques qui ont évalué l’impact du programme CNV sur le comportement social de ses participants.

Un aperçu de la recherche a montré que les capacités d’empathie des participants, l’expression des émotions négatives, la capacité à gérer le stress, la conscience et la communication améliorant les relations dans les situations de conflit ont été le plus souvent étudiées en utilisant le programme d’intervention CNV.

Des recherches individuelles ont identifié la participation des individus aux conflits, le risque de criminalité (des récidivistes), la satisfaction conjugale, et la capacité à transférer les compétences de communication non violente à la vie personnelle.

Dans la plupart des cas (75%), des changements significatifs et positifs dans les constructions ci-dessus ont été identifiés, évalués à la fois aux niveaux individuel et de groupe.

En résumant les résultats de cette revue systématique, on peut supposer que le programme d’intervention CNV peut être un outil efficace pour changer les modèles de comportement social des individus et des groupes, car il renforce l’empathie communicative, la sensibilité aux besoins et aux expériences de soi et des autres, développe la capacité à verbaliser, gère empathiquement le stress et les conflits.

Cependant, le petit nombre d’études et les limites méthodologiques encouragent la poursuite de la recherche sur l’efficacité du programme d’intervention CNV, en prenant en compte l’impact possible des facteurs situationnels qui peuvent affecter à la fois les éléments du programme et les caractéristiques des participants sur son efficacité.

Visakaviciute, E., & Bandzeviciene, R. (2019). Impact of the Nonviolent Communication intervention program on the social behavior of the participants: Overview of the systemic research analysis. Social Inquiry into Well-Being17(1), 102-121.

Revue globale de l’impact de la CNV sur l’empathie (Juncadella, 2013)

Contexte. La Communication NonViolente (CNV) a été développée par le Dr Marshall B. Rosenberg pour favoriser des relations intra et interpersonnelles empreintes de compassion, de collaboration et de bienveillance. Elle a été appliquée dans divers contextes tels que les écoles, les hôpitaux, les prisons et dans les systèmes de justice réparatrice. Bien que la CNV telle qu’elle existe aujourd’hui soit issue de recherches menées depuis les années 1960, les études sur l’impact du modèle n’ont commencé qu’au cours des années 1990 (Steckal, 1994). Cette revue systématique vise à évaluer les recherches menées jusqu’à présent sur la CNV et leurs conclusions concernant le développement de l’empathie.

Méthodologie. Des bases de données électroniques (principalement ERIC, PsychINFO et ASSIA) et une consultation active avec des experts ont été entreprises à la recherche d’articles, de rapports et de thèses, dans n’importe quelle langue, rendant compte d’études empiriques sur la CNV.

Résultats. Sur 2634 citations, quatorze études ont été identifiées, citant treize expériences, qui répondent aux critères d’inclusion. Ces études présentent une hétérogénéité de méthodes et de mesures, ce qui rend impossible de réaliser une méta-analyse. Huit de ces études ont évalué les résultats d’ateliers ciblés, et cinq ont évalué l’impact de la CNV dans des situations de vie réelle. Toutes ces cinq études ont été menées dans des institutions éducatives. Seulement deux études coïncident dans l’utilisation de deux mesures validées. Le reste des études utilise d’autres mesures et des instruments créés par les chercheurs. La sélection non aléatoire des participants, le manque de rapports et le petit nombre de participants sont les principales lacunes observées dans les études. Les résultats concernant le développement de l’empathie sont positifs dans toutes les études sauf deux. D’autres résultats positifs concernent l’augmentation des compétences en communication, l’amélioration des relations, la diminution des conflits ainsi que de nouvelles conceptions et manières de les gérer.

Conclusion. Les résultats prometteurs concernant l’efficacité de la CNV sur le développement de l’empathie, parmi d’autres résultats, devraient être confirmés par d’autres études avec des designs plus solides et des mesures plus appropriées. Une limitation évidente dans les études incluses, qui est partagée avec d’autres revues sur le sujet (Butters, 2010 ; Lam et al., 2011 et Stepien & Baernstein, 2006), est le décalage entre les constructions du modèle et les mesures validées de l’empathie, développées dans les années 1980. De nouveaux instruments actualisés, comme celui développé par Steckal (1994), doivent être créés et validés afin d’évaluer la spécificité du modèle de CNV.

Juncadella, C. M. (2013). What is the Impact of the Application of the Nonviolent Communication Model on the Development of Empathy? Overview of Research and Outcomes. School of Health and Related Research.

La CNV en prison

Augmentation de l’empathie chez des hommes en liberté conditionnelle (Marlow & al., 2012)

L’objectif de cette étude était de déterminer l’impact d’une intervention comportementale, la communication non violente (CNV), sur le développement des compétences empathiques et de communication chez un échantillon de détenus masculins en liberté conditionnelle inscrits à un traitement contre l’abus de substances (TAS; N = 30).

À la fin de l’intervention de 8 semaines, les résultats ont révélé une augmentation significative (p = .01) des niveaux d’empathie des participants.

Les résultats ont également démontré l’acceptabilité et l’utilité de la formation en CNV pour les hommes en liberté conditionnelle.

Les résultats suggèrent que la formation en CNV peut (a) être un ajout utile aux programmes de traitement de l’abus de substances pour les personnes en liberté conditionnelle, (b) être efficace pour traiter les styles de communication et de coping problématiques résultant de l’incarcération et du comportement criminel, et (c) aider les individus libérés sous condition à construire et à maintenir des réseaux de soutien social positifs.

Marlow, E., Nyamathi, A., Grajeda, W. T., Bailey, N., Weber, A., & Younger, J. (2012). Nonviolent communication training and empathy in male parolees. Journal of Correctional Health Care18(1), 8-19.

Amélioration du niveau de colère et d’auto-compassion chez des personnes incarcérés (Suarez & al., 2014)

Le projet Freedom forme des prisonniers à la communication non violente et à la méditation.

Deux études complémentaires de ses effets sont rapportées dans cet article.

  • La première étude est corrélationnelle ; nous avons trouvé des taux de récidive plus faibles chez les prisonniers formés par le projet Freedom par rapport aux taux de récidive dans l’État de Washington.
  • La deuxième étude a comparé les prisonniers formés avec un groupe de contrôle apparié et a trouvé une amélioration dans la colère auto-déclarée, l’auto-compassion, et certaines formes de pleine conscience parmi le groupe formé. Les évaluations de jeux de rôles simulant des interactions difficiles montrent une augmentation des compétences sociales parmi le groupe formé par le projet Freedom par rapport aux contrôles appariés.

Suarez, A., Lee, D. Y., Rowe, C., Gomez, A. A., Murowchick, E., & Linn, P. L. (2014). Freedom project: Nonviolent communication and mindfulness training in prison. Sage Open4(1), 2158244013516154.

La CNV en psychiatrie

Amélioration des compétences de communication de patients souffrant d’alcoolisme (Yang & Kim, 2021)

Objectif : Cette étude visait à évaluer un programme de compétences en communication basé sur la communication non violente ciblant les personnes souffrant d’addiction à l’alcool hospitalisées dans le service spécialisé.

Conception et méthodes : L’échantillon de cette étude quasi-expérimentale à méthodes mixtes comprenait 47 patients hospitalisés dans les services pour alcooliques de deux hôpitaux psychiatriques en Corée du Sud.

Résultats : Le programme a efficacement amélioré l’empathie, l’expression de la colère, la compétence en communication, et l’auto-efficacité de l’abstinence d’alcool des participants (p < .001).

Implications pratiques : Ce programme pourrait être mis en œuvre dans le cadre de soins communautaires pour personnes alcooliques avec pour objectif la prévention des rechutes et servir de base pour le développement de programmes similaires pour les membres de la famille.

Yang, J., & Kim, S. (2021). Effects of a nonviolent communication-based training program for inpatient alcoholics in South Korea. Perspectives in psychiatric care57(3), 1187-1194.

Amélioration du niveau d’empathie et d’anhédonie sociale chez des patients atteints de schizophrénie (Song, 2020)

L’objectif de cette étude était d’examiner l’effet du programme de Communication Non Violente (CNV) sur l’empathie, les relations interpersonnelles et l’anhédonie sociale des patients atteints de schizophrénie.

Méthodes : Cette étude était quasi-expérimentale et utilisait une conception de pré-test post-test avec groupe témoin non équivalent. Le groupe expérimental était composé de 30 membres qui ont participé à l’un des deux hôpitaux, et le groupe témoin était composé de 31 membres qui ont participé à l’autre hôpital. Ces deux groupes ont été assignés au hasard à l’un des deux hôpitaux psychiatriques de la région. Le groupe expérimental a participé à six sessions du programme de CNV.

Résultats : En conséquence, l’empathie (F=5.29, p=.025) et l’anhédonie sociale (F=6.92, p=.011) ont montré des effets significatifs. Cependant, les relations interpersonnelles n’étaient pas statistiquement significatives (F=0.83, p=.366).

Conclusions : Cette étude a confirmé que le programme de CNV était efficace pour améliorer les compétences en communication et les symptômes négatifs chez les patients atteints de schizophrénie. Le développement de programmes variés et l’application d’interventions aideront à la réadaptation communautaire et à l’ajustement social des patients atteints de schizophrénie.

Song, E. (2020). The effect of Nonviolent Communication (NVC) Program for Community Rehabilitation on Empathy, Interpersonal Relationship, and Social Anhedonia in Patients with Schizophrenia. Journal of Korean Public Health Nursing34(1), 48-59.

Meilleure gestion de la colère pour des patients hospitalisés en psychiatrie (Kim & Kim, 2022)

Cette étude quasi-expérimentale visait à déterminer les effets d’un programme de gestion de la colère basé sur la communication non-violente sur l’estime de soi, l’expression de la colère et l’agressivité chez 44 patients hospitalisés en psychiatrie (groupe expérimental : n = 21 ; groupe témoin : n = 24).

Le programme se composait de six sessions de 60 minutes chacune, en utilisant une conception prétest-posttest avec un groupe témoin non équivalent, puis en analysant par la suite les effets de l’intervention.

Les résultats ont montré des différences statistiquement significatives entre le groupe expérimental et le groupe témoin en matière d’expression de la colère et de suppression de la colère.

Des changements positifs, bien que non statistiquement significatifs, ont été observés en matière d’estime de soi et d’agressivité. Les résultats ont indiqué un effet de diminution de l’expression de la colère et de la suppression de la colère.

Kim, J., & Kim, S. (2022). Effects of a nonviolent communication-based anger management program on psychiatric inpatients. Archives of psychiatric nursing41, 87-95.

La CNV à l’école

Augmentation de l’empathie chez des étudiants français en médecine (Epinat-Duclos & al., 2021)

Objectifs

Évaluer l’impact de la formation à la communication non violente (CNV) sur cinq aspects des compétences en empathie des étudiants en médecine à l’aide de mesures implicites et explicites.

Méthodes

312 étudiants en médecine français de troisième année ont été répartis au hasard dans un groupe d’intervention (n = 123) ou un groupe témoin (n = 189). Le groupe d’intervention a reçu 2,5 jours de formation en CNV. Pour chaque groupe, les compétences liées à l’empathie ont été mesurées implicitement à l’aide de trois tests cognitifs (prise de perspective visuo-spatiale, connaissance privilégiée, évaluation de l’empathie pour la douleur) et explicitement à l’aide de deux questionnaires d’auto-évaluation (échelle d’empathie du médecin de Jefferson, quotient d’empathie). Les deux groupes ont complété les tests et questionnaires avant (pré-test) et trois mois après la formation (post-test). Les réponses ont été recueillies via un logiciel en ligne, et les données ont été analysées à l’aide de modèles linéaires mixtes appariés et de facteurs de Bayes.

Résultats

Nous avons constaté une augmentation significative du score à l’échelle d’empathie du médecin de Jefferson (JSPE) entre les pré- et post-tests dans le groupe d’intervention par rapport au groupe témoin (modèles linéaires mixtes : 0,95 points [0,17, 1,73], t(158) = 2,39, p < 0,05), et un effet de genre attendu où les femmes avaient des scores JSPE plus élevés (1,57 points [0,72, 2,42], t(262) = -3,62, p < 0,001). Il n’y avait pas d’interaction entre ces deux facteurs.

Conclusions

Nos résultats montrent qu’une brève formation en communication non violente améliore l’empathie subjective trois mois après la formation.

Ces résultats sont prometteurs pour l’efficacité à long terme de la formation en CNV sur l’empathie des étudiants en médecine et plaident pour l’introduction de la formation en CNV dans les études de médecine. D’autres études devraient enquêter pour savoir si une formation plus longue produira des avantages plus importants et plus durables.

Epinat-Duclos, J., Foncelle, A., Quesque, F., Chabanat, E., Duguet, A., van Der Henst, J. B., & Rossetti, Y. (2021). Does nonviolent communication education improve empathy in French medical students?. International journal of medical education12, 205.

Augmentation du niveau d’empathie d’étudiants en soins infirmiers (Nosek & al., 2014)

Contexte : Une communication inefficace entre les membres de l’équipe de soins de santé est associée à une diminution des efforts de collaboration et à des résultats défavorables pour les patients. L’impact de l’empathie sur la collaboration avec les collègues et l’interaction avec les patients a été démontré précédemment. Aucune étude n’a encore mesuré l’impact de la Communication Non Violente (CNV) sur l’empathie chez les étudiants en soins infirmiers.

Objectif : L’objectif de cette étude à méthodes mixtes était de tester une intervention de communication (CNV) avec des étudiants en soins infirmiers au niveau du baccalauréat pour examiner son effet sur l’empathie.

Méthode : Une conception pré/post test à méthode mixte et à groupe unique incorporant l’Index de Réactivité Interpersonnelle (IRI) pour mesurer l’empathie a été utilisée. Un test t pour échantillons appariés a été calculé pour comparer les scores moyens avant et après l’intervention. Une ANOVA à un facteur a été utilisée pour examiner les différences entre les groupes. Des méthodes d’interprétation ont été utilisées pour analyser les données qualitatives collectées par le biais des entrées de journal pendant la formation et les groupes de discussion immédiatement après et 2 ans après l’intervention.

Résultats/Observations : Les résultats quantitatifs ont révélé une augmentation de l’empathie (de 69,1 à 71,4, p = .037) après la formation. Les analyses qualitatives ont démontré un impact positif de la CNV sur l’empathie envers soi et les autres. L’impact clinique a été particulièrement noté lors du travail avec des patients psychiatriques.

Conclusion : L’intégration de la CNV dans l’éducation infirmière pourrait éventuellement prévenir les difficultés futures à mesure que les étudiants progressent dans leur carrière en soins infirmiers. Des recherches supplémentaires pourraient être nécessaires pour saisir l’impact plus large que la CNV pourrait avoir sur les infirmières et les étudiants en soins infirmiers.

Nosek, M., Gifford, E. J., & Kober, B. (2014). Nonviolent Communication training increases empathy in baccalaureate nursing students: A mixed method study.

Amélioration des compétences de communication d’élèves à l’école primaire (Suzic & al., 2018)

La conception expérimentale de cette étude est axée sur l’efficacité d’un programme de formation à la communication non violente mis en œuvre auprès des enfants d’école primaire.

Le programme de formation entier se composait de neuf ateliers, chaque session durant deux leçons de 45 minutes.

Les ateliers étaient conçus pour aborder les 9 (neuf) composantes définies de la communication non violente : (1) la perception, (2) les sentiments, (3) les besoins, (4) les demandes, (5) les types d’abus verbal, (6) la réponse de l’élève à l’agression, (7) comment reconnaître les émotions, (8) les compétences de résolution de conflits, et (9) les types de résolution de conflits.

Les données ont été recueillies pour chaque atelier séparément à l’aide d’instruments d’auto-évaluation (tests), qui étaient conçus pour permettre aux élèves de rendre compte du degré d’acquisition des composantes spécifiques de la communication non violente.

Les résultats ont indiqué que le programme de formation a contribué à une compétence accrue en communication non violente chez les élèves de 13 et 14 ans.

De plus, les résultats ont révélé que la réponse de l’élève à l’agression est la composante la plus importante pour le programme.

Les auteurs concluent, constatant que les enseignants ont souvent recours à un mode de communication violent, que des recherches supplémentaires, centrées sur les enseignants d’école, sont particulièrement nécessaires.

Suzic, N., Luka, B., Maric, T., & Maleševic, D. (2018). Effects of nonviolent communication training program on elementary school children. Arctic71(8), 35-62.


Joran Farnier

Joran Farnier

Psychologue, enseignant, formateur

Passionné par la psychologie, j’ai fondé l’Institut de Psychologie Positive Appliquée pour faire le pont entre les recherches et la pratique de terrain.

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