Un travail qui a du sens
Une conception du bien-être au travail uniquement basé sur le plaisir et les émotions agréables présente certaines limites. Nous avons vite tendance à nous habituer à ce qui procure du plaisir, de telle sorte que nous devons le faire plus longtemps pour obtenir la même dose de plaisir. De plus, les émotions fluctuent rapidement, il est ainsi difficile de maintenir durablement un état émotionnel positif. Une conception suggère qu’un bien-être plus profond et durable apparaît lorsque nous trouvons un sens à notre travail.
Un travail qui a du sens présente plusieurs caractéristiques, cela peut être :
- Un travail stimulant
- Un travail qui procure un sentiment d’accomplissement en mettant nos compétences au service de nos valeurs profondes
- Un travail qui satisfait nos besoins psychologiques
Un travail stimulant
Le célèbre psychologue hongrois, M. Csíkszentmihályi, a cherché à comprendre ce qui caractérise les moments les plus stimulants de la vie. Il a ainsi posé la question à de nombreuses personnes vivant régulièrement des expériences intenses et agréables comme des sportifs, des musiciens, etc. Il constate rapidement que si la tâche est trop simple ou répétitive, la personne ressent de l’ennui, alors que si elle est trop difficile ou que les moyens ne sont pas suffisants pour la mener à bien, la personne ressent de l’anxiété. Enfin, lorsque la difficulté de la tâche est parfaitement équilibrée avec les compétences de l’individu, il est dans sa zone optimale de fonctionnement et de stimulation. On parle d’un état de flow, un état dans lequel on ressent un intense bien-être et une absorption totale dans l’activité au point d’en oublier le temps qui passe (état souvent présent dans les loisirs).
Un travail aligné avec ses valeurs
Les valeurs représentent ce qui est important aux yeux d’une personne, ce en quoi elle croit. Mettre ses compétences au service de ses valeurs ou d’un projet plus important que soi, génère un sentiment d’accomplissement personnel et un bien-être durable. Dans l’urgence du quotidien, nous perdons parfois de vue ce qui a du sens pour nous, nos comportements deviennent désynchronisés de nos valeurs.
La première étape est d’identifier ces dernières, qui telles des boussoles, nous indiqueront la direction qui a du sens. La seconde étape est d’aligner nos comportements dans cette direction, aussi bien à travers des petites actions du quotidien que des projets plus vastes. Ces deux étapes permettent de nous resynchroniser avec nos valeurs afin de s’accomplir professionnellement.
Un travail aligné avec nos besoins psychologiques
La théorie de l’autodétermination de Déci et Ryan[1] postule que nous avons trois besoins psychologiques fondamentaux :
- Le besoin d’affiliation est lié au fait de se sentir connecté, reconnu et d’avoir sa place dans un groupe
- Le besoin de compétences concerne le fait de se sentir efficace et en progression dans notre travail
- Le besoin d’autonomie renvoie au fait de percevoir des marges de liberté dans l’expression de notre opinion, dans la prise de décision et dans la manière d’organiser notre travail.
Selon cette théorie, la satisfaction de ces trois besoins produit un état de bien-être optimal et le sentiment de faire son travail pour soi-même plutôt que pour des raisons externes. Plusieurs études[2] vont dans ce sens en indiquant que lorsque ces besoins sont satisfaits, ils génèrent des émotions positives plus fréquentes, de meilleure performance, ainsi qu’un sentiment amplifié de vitalité. Alors que lorsqu’ils sont frustrés, ils produisent d’avantages d’émotions négatives, d’absentéisme, de problèmes physiques et d’épuisement.
Être heureux au travail demande cependant plus ou moins d’efforts personnels selon le contexte professionnel. La théorie de l’autodétermination insiste sur le rôle du contexte professionnel, et notamment du style de management, dans la satisfaction ou la frustration des besoins psychologiques. Le bien-être ne repose ainsi pas uniquement sur soi ou sur notre environnement professionnel, mais sur la subtile interaction entre les deux. La psychologie positive nous propose alors des outils pour réfléchir à la capacité de notre environnement professionnel à satisfaire ou frustrer nos besoins fondamentaux. Apprendre à développer notre bien-être passe aussi par la capacité et la possibilité de choisir le contexte professionnel qui nous convient.
Auteur : Joran FARNIER, psychologue formé à la psychologie positive
Relectrice : Charlotte DUBOIS, psychologue
Sources
[1] Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2000). Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation, social development, and well-being. American psychologist, 55(1), 68.
[2] Forest, J., Dagenais-Desmarais, V., Crevier-Braud, L., Bergeron, É., & Girouard, S., (2010). Le lien entre la santé mentale et la satisfaction des besoins d’autonomie, de compétence et d’affiliation sociale. Gestion, 35(3), 20-26.
Joran Farnier
Psychologue, enseignant, formateur
Passionné par la psychologie, j’ai fondé l’Institut de Psychologie Positive Appliquée pour faire le pont entre les recherches et la pratique de terrain.
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